Le mandat de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies opérant dans 59 camps de réfugiés en Jordanie, en Syrie, au Liban, en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, devrait être renouvelé la semaine prochaine à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Cependant, ce qui fait de cela un évènement très particulier, c’est que le commissaire de l’UNRWA, Pierre Krahenbuhl, vient de démissionner pour «des problèmes de gestion».
La démission de Krahenbuhl intervient après qu’un rapport interne de l’ONU a établi que la mauvaise gestion de l’UNRWA avait entraîné «mauvaise conduite sexuelle, népotisme, discrimination, représailles et autres abus d’autorité, pour réprimer la dissidence et obtenir des gains personnels». Ce rapport interne a conduit la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse à cesser de financer l’UNRWA, après que les États-Unis aient déjà cessé de financer l’organisation humanitaire internationale.
En outre, selon quatre rapports récents du Centre de Recherche sur les Politiques pour le Proche-Orient publiés par le Centre de Renseignement et d’Information Meir Amit, les manuels scolaires en vigueur dans les écoles de l’UNRWA utilisent un programme qui prépare les élèves à la guerre. Israël n’existe pas dans les manuels scolaires de l’Autorité palestinienne utilisés par l’UNRWA. Le terme «beau» trouvé dans ces manuels est défini par «shahid», qui signifie martyr. Quatre manuels de l’UNRWA glorifient Dalal Mughrabi, une terroriste palestinienne qui a assassiné plus de 30 hommes, femmes et enfants. Dans ces manuels, la loi de Newton sur la physique est illustrée par l’image d’un Arabe tirant avec une fronde sur des soldats israéliens. Un manuel de 2016 pour les élèves de 3e année, toujours en cours d’utilisation par l’UNRWA proclame: «Et je ferai disparaître l’usurpateur de mon pays et j’exterminerai les restes éparpillés des étrangers».
Même l’UNRWA a reconnu que certains manuels de l’AP utilisés dans ses écoles incitaient à la haine: «Environ 4 à 5% de la documentation figurant dans les manuels de l’Autorité Palestinienne ne correspond pas aux valeurs de l’ONU». Cependant, bien que l’UNRWA affirme que leurs enseignants ont trouvé un moyen de contourner les sections problématiques des manuels de l’Autorité Palestinienne, leurs affirmations semblent suspectes au vu du rapport publié par l’organisation UN Watch affirmant que les membres du personnel de l’UNRWA et les enseignants partageaient régulièrement des contenus antisémites et pro-terroristes sur les réseaux sociaux.
Malgré les graves accusations portées contre l’UNRWA, Peter Mulrean, directeur du bureau de l’UNRWA à New York, ne semblait pas trop préoccupé par le contenu du rapport interne de l’ONU concernant le comportement répréhensible de cette organisation: «L’UNRWA procède régulièrement à des auto-évaluations pour s’assurer de la rentabilité et l’efficacité afin que nous puissions améliorer notre travail». Un examen récent de l’Agence, réalisé par l’Organisation Multilatérale d’Evaluation des Performances (MOPAN), financé en partie par les Etats-Unis, concluait: «L’UNRWA en 2018 est une organisation compétente, résiliente et résolue. Sa façon de travailler et les résultats qu’elle obtient dans un environnement aux ressources limitées reflètent une organisation bien gérée et performante.»
Bien que l’ambassade de Suisse en Israël ait refusé de commenter la raison pour laquelle elle avait cessé de financer l’UNRWA, l’ambassade des Pays-Bas en Israël a, quant à elle, demandé de différer ses conclusions quant à la gravité des accusations portées à l’encontre de l’UNRWA: «Il y avait des regrets et des préoccupations sur les allégations de faute professionnelle, d’abus sexuel et d’inconduite. En réponse aux récentes allégations de mauvaise conduite, nous avons décidé d’attendre que le bureau de l’inspection indépendante des Nations Unies tire ses conclusions et de suspendre nos principales contributions à l’UNRWA. Nous avons souligné l’importance d’une enquête approfondie et indépendante et de la publication rapide de ses résultats. L’enquête devra démontrer dans quelle mesure les conclusions du rapport interne du comité d’éthique de l’UNRWA sont correctes.» Un responsable du Département d’Etat des Etats-Unis s’est dit d’accord, soulignant que l’UNRWA était irréparable: «L’opinion des Etats-Unis sur l’UNRWA est claire. Comme nous l’avons dit, la structure fondamentale et les pratiques fiscales qui caractérisent l’UNRWA depuis des années – liés à la communauté des bénéficiaires en expansion exponentielle et sans fin – sont tout simplement insoutenables et l’organisation est en crise depuis de nombreuses années. Les Etats-Unis ne s’engageront plus dans le financement de cette organisation irrémédiablement défectueuse». Un porte-parole du ministère fédéral allemand des Affaires Etrangères a déclaré que, bien qu’ils soutiennent le renouvellement du mandat de l’UNRWA dans sa forme actuelle, ils «continuent de dialoguer activement avec l’UNRWA sur des questions telles que la réforme organisationnelle, budgétaire et politique et les normes de service. Cela comprend également un dialogue actif sur les programmes scolaires ainsi que les soupçons éventuels de non-respect des valeurs de l’ONU par les membres du personnel de l’UNRWA. En cas de non-respect, l’Allemagne demande des éclaircissements et des mesures appropriées dans le cadre des règles et règlements de l’ONU».
Cependant, d’autres pays donateurs de l’UNRWA semblaient moins gênés par les accusations portées contre l’UNRWA. Le ministère danois des Affaires étrangères a déclaré: «L’Union Européenne et ses états membres sont fiers d’appuyer le travail de l’UNRWA visant à fournir des services essentiels aux réfugiés palestiniens; ce qui devrait être considéré comme un élément indissociable de nos efforts pour parvenir à une solution négociée prévoyant la création de deux Etats et à une paix durable entre Israël et les Palestiniens. L’Union Européenne et ses Etats membres sont collectivement les plus gros contributeurs de l’UNRWA. Le ministère danois des Affaires Etrangères a démenti toute allégation de corruption: «L’UNRWA dispose de processus et de mécanismes rigoureux pour la mise en œuvre et le respect de ses règles, réglementations et politiques relatives à la neutralité de l’ONU».
Si la négation des problèmes par le ministère danois des Affaires Etrangères et l’UNRWA est manifeste, l’approche isolationniste des Etats-Unis fera conduire à la prise en charge de l’UNRWA par d’autres forces non démocratiques, ce qui ne fera qu’aggraver les problèmes. Etant donné que le renouvellement du mandat de l’UNRWA dépend d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, il n’est pas réaliste de croire que cet organisme disparaîtra simplement parce que c’est ce que souhaite le président des États-Unis, Donald Trump. Par conséquent, il serait beaucoup plus efficace pour les pays démocratiques comme les Etats-Unis d’utiliser leurs dons à l’UNRWA pour garantir que la corruption, les abus sexuels, les fautes éthiques et les programmes scolaires incitant à la guerre, au sein de l’organisation humanitaire internationale cessent. Si les pays donateurs appliquent suffisamment de pression, cela reste possible. Cependant, cela ne se produira pas si les Etats-Unis continuent à promouvoir une politique étrangère isolationniste.
Note: les liens renvoient à des pages en anglais
Traduction: emet.translate